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Pourquoi penser une IA sans cloud ? Une autre voie est possible

  • Writer: Erick Mormin
    Erick Mormin
  • Jul 21
  • 3 min read

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L’intelligence artificielle peut-elle exister sans Internet ? Cette question, qui peut sembler paradoxale, devient urgente lorsqu’on réalise que des millions de personnes dans le monde n’ont toujours pas accès à une connexion stable.


La révolution IA... mais pour qui ?

Nous vivons une époque fascinante. ChatGPT dialogue avec nous, Midjourney crée des images saisissantes, et les assistants vocaux gèrent nos maisons. L’intelligence artificielle s’impose partout, transformant nos manières de travailler, d’apprendre et de créer.

Mais cette révolution a un angle mort : elle dépend entièrement du cloud.

Chaque requête à ChatGPT traverse des câbles sous-marins, sollicite des serveurs distants et exige une bande passante stable. Cette architecture, aussi puissante soit-elle, exclut de facto une partie significative de l’humanité.


Une fracture numérique persistante

Les chiffres parlent d’eux-mêmes :

  • À Madagascar, moins de 15 % de la population dispose d’un accès stable à Internet haut débit.

  • En République Démocratique du Congo, les zones rurales affichent moins de 5 % de couverture 3G.

  • Aux Comores, en Haïti, dans les régions sahéliennes, les coupures sont fréquentes et la bande passante souvent saturée.


Cela engendre une double fracture numérique :

  1. Fracture d’accès : impossibilité matérielle d’utiliser les outils d’IA actuels

  2. Fracture de conception : des modèles massivement entraînés en anglais, sur des corpus occidentaux, peu adaptés aux contextes locaux


Résultat : les territoires les plus fragiles, pourtant ceux qui pourraient tirer le plus grand bénéfice de l’IA pour l’éducation, la santé ou l’agriculture, en sont systématiquement exclus.

L'alternative : une IA frugale et souveraine

Et si nous changions de paradigme ? Et si nous concevions une intelligence artificielle déconnectée, légère, résiliente ?

Cette vision n’a rien d’utopique. Elle existe déjà. Des modèles comme TinyLLaMA, Phi-2 ou les versions quantifiées de LLaMA peuvent fonctionner sur un simple Raspberry Pi, consommer moins de 8 Go de mémoire, et répondre hors ligne à des questions complexes.


Imaginez :

  • Un assistant éducatif en langue malgache, stocké sur une clé USB

  • Un chatbot agricole donnant des conseils de semis adaptés au climat local

  • Une IA communautaire de santé proposant des informations de prévention, même sans réseau

Ces outils existent. Il ne manque que la volonté de les déployer.


Souveraineté technologique et résilience

Déployer une IA locale, ce n’est pas seulement une innovation technique — c’est un acte de souveraineté.

Quand vos données restent sur place,

Quand votre outil fonctionne même sans connexion,

Quand votre communauté peut adapter le modèle à ses besoins,

Alors vous reprenez le contrôle de votre destin numérique.

Cette approche répond à quatre grands enjeux :

  • Souveraineté : ne plus dépendre des géants du numérique

  • Résilience : assurer le fonctionnement même en cas de crise

  • Inclusion : permettre l’accès à l’IA là où le cloud est absent

  • Préservation culturelle : valoriser les langues et savoirs locaux

De la fiction à la réalité

Cette réflexion traverse aussi mon roman L’Archéologue du Savoir, dans lequel un monde privé d’Internet redécouvre les savoirs sauvegardés localement. Ce qui relevait hier de la fiction devient aujourd’hui une nécessité stratégique.

Comment préparer la résilience de demain ?Comment s’assurer que l’éducation numérique ne dépende pas d’un abonnement cloud ?Comment faire des villages les gardiens de savoirs numériques durables ?


Une série pour passer à l’action

C’est l’objectif de ma série YouTube "IA Déconnectée" :

🎥 Six épisodes pour découvrir, comprendre et déployer concrètement une intelligence artificielle locale.

Au programme :

  • Installation technique sur Raspberry Pi

  • Cas d’usage inspirants (éducation, agriculture, santé)

  • Enjeux de souveraineté numérique

  • Appel à la création de communautés locales

Car l’intelligence artificielle ne doit pas être un privilège réservé à ceux qui ont la fibre. Elle peut – et doit – devenir un outil de transmission, d’émancipation et de solidarité, même sans Internet.

Une IA sans cloud est possible. Elle commence ici.





Erick Mormin est enseignant en informatique, auteur du roman L’Archéologue du Savoir, et consultant en cybersécurité. Il accompagne les acteurs du développement local dans leurs projets d’innovation numérique frugale.


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