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💬 Vivre au-dessus de ses moyens à l’ère du crédit moral

  • Writer: Erick Mormin
    Erick Mormin
  • 2 days ago
  • 3 min read

Par Erick Mormin

Auteur, enseignant et consultant – Fondateur d’EKM Conseils

Après avoir exploré, dans mes ouvrages sur l’intelligence artificielle et les réseaux, les liens entre technique et humanité, je m’intéresse ici à une question plus intime : celle du rapport moderne au trop. Vivre au-dessus de ses moyens n’est plus seulement une affaire de budget ; c’est désormais un symptôme culturel, le reflet d’une époque où le désir dépasse sans cesse le réel.


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🧭 Le miroir d’un excès permanent

Autrefois, vivre au-dessus de ses moyens était un privilège d’artiste ou d’aristocrate. Aujourd’hui, c’est devenu une norme invisible. La technologie a fluidifié l’accès au plaisir : en un clic, nous commandons, consommons, voyageons, empruntons. L’acte d’achat n’est plus une décision réfléchie ; c’est une impulsion. Ce que nous payions hier en monnaie, nous le réglons aujourd’hui en dopamine.

Les réseaux sociaux ont amplifié ce phénomène. Nous ne dépensons plus pour répondre à un besoin, mais pour tenir une image : celle d’une existence fluide, esthétique, enviable. L’endettement devient alors une stratégie identitaire, un moyen de maintenir la fiction d’une vie accomplie – même à crédit.


💸 Le crédit moral : une illusion de liberté

Cette logique dépasse la sphère économique. Nous vivons aussi au-dessus de nos moyens émotionnels : nous voulons être performants, connectés, bienveillants, créatifs, inspirants – tout à la fois. Nous travaillons au-delà de nos forces, nous promettons plus que nous ne pouvons tenir, nous nous imposons une pression constante d’exister “à plein régime”.

C’est ce que j’appelle le crédit moral : une dette symbolique contractée envers soi-même, pour rester “à la hauteur”. Mais cette dette ne s’efface jamais. Elle s’accumule dans le silence des nuits blanches, dans la fatigue qui s’installe, dans cette impression sourde de ne jamais “être assez”.


🌐 Le paradoxe de la modernité : abondance et épuisement

Jamais l’humanité n’a disposé d’autant de moyens matériels, technologiques et éducatifs pour se réaliser. Et pourtant, jamais nous ne nous sommes sentis aussi pauvres intérieurement. Le confort a remplacé le sens, la vitesse a remplacé la profondeur. Nous achetons du temps sans le vivre, nous stockons des données sans mémoire, nous cultivons l’apparence sans substance.

Notre époque incarne ce paradoxe : posséder tout, mais n’habiter rien. Nous sommes les héritiers d’une abondance qui, mal maîtrisée, nous vide au lieu de nous remplir.


🌿 Pour une sobriété du sens

Il ne s’agit pas de prôner la pauvreté, mais la lucidité. Apprendre à vivre “à sa juste mesure”, c’est retrouver la maîtrise du désir. C’est peut-être cela, aujourd’hui, vivre au-dessus de ses moyens : non pas consommer plus, mais vivre plus intensément dans la simplicité.

Refuser la médiocrité sans tomber dans la surenchère. Préférer la profondeur à la vitesse. Choisir la création plutôt que la possession.

Oscar Wilde disait en mourant :

« Je meurs au-dessus de mes moyens. »

En 2025, il nous appartient non plus de mourir au-dessus, mais de vivre à l’intérieur : à l’intérieur de soi, de ses valeurs, de son rythme.


✒️ Conclusion

Vivre au-dessus de ses moyens n’est pas seulement une question d’argent :c’est une posture existentielle façonnée par la société de l’image, du crédit et de la performance.

Mais la véritable richesse ne se mesure ni en euros, ni en likes. Elle réside dans la capacité à ralentir, contempler, transmettre. C’est là, peut-être, le nouveau luxe du XXIᵉ siècle :

disposer de soi-même.

🪶 Erick Mormin Auteur – Enseignant – Consultant https://www.ekmconseils.eu


Erick Mormin

Auteur, enseignant et consultant

Fondateur d’EKM Conseils

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